Face à l’évolution rapide des technologies, l’administration française entre dans une nouvelle ère avec l’intégration de l’intelligence artificielle. Un partenariat stratégique vient d’être signé entre Doctrine et l’État pour moderniser la gestion juridique publique. Mais comment ce dispositif va-t-il concrètement transformer le quotidien des juristes de l’administration ?
Une collaboration ciblée pour moderniser l’IA juridique dans l’administration
L’annonce officielle durant le Sommet Adopt AI témoigne d’un engagement fort du gouvernement en faveur d’une administration plus efficiente. David Amiel, ministre délégué chargé de la Fonction publique et de la Réforme de l’État, a formalisé ce partenariat avec Guillaume Carrère, président de Doctrine, en vue d’équiper des milliers de juristes publics avec des outils d’analyse, de recherche et de rédaction automatisées.
Cette décision s’appuie sur un constat partagé : les juristes étatiques travaillent encore avec des outils insuffisants face à la complexité et la volumétrie croissante des textes juridiques.
Doctrine, déjà en place au ministère de l’Intérieur, offre une solution adaptée aux contraintes spécifiques d’une administration soumise à des exigences de confidentialité maximales.
Son déploiement vise à renforcer la qualité et la vitesse des activités liées à la réglementation, la veille administrative et la préparation des contentieux.
Doctrine : un acteur clé dans un secteur en pleine mutation
Au-delà de ses fonctionnalités techniques avancées, Doctrine impose sa présence dans un contexte concurrentiel tendu.
Le marché de l’IA juridique, notamment destiné au secteur public, est en pleine effervescence, et la capacité à offrir une infrastructure souveraine est devenue un critère déterminant.
© DR – Guillaume Carrère, président de Doctrine, et David Amiel, ministre délégué chargé de la Fonction publique lors de la signature du partenariat
L’accord avec l’État positionne Doctrine comme une brique technologique majeure de la transformation numérique des services juridiques gouvernementaux. Ce partenariat non exclusif traduit la volonté politique d’éviter toute forme d’enfermement technologique, en ouvrant la porte à une collaboration plurielle avec d’autres acteurs européens. Cette approche préfigure une stratégie publique visant à dynamiser la commande publique, en facilitant l’accès des entreprises innovantes, notamment des startups, à la sphère administrative.
Vers une généralisation de l’IA souveraine dans les administrations publiques
Cette initiative traduit une tendance lourde : la transition d’une phase d’expérimentations isolées vers une industrialisation des outils d’IA dans la fonction publique. En dotant les juristes d’outils performants adaptés à leur métier, l’État ambitionne d’améliorer l’efficacité administrative tout en maîtrisant la confidentialité et la souveraineté des données.
David Amiel souligne l’importance de la montée en compétences des agents au travers d’un programme de formation dédié. L’appropriation de ces outils est un levier essentiel pour déployer une intelligence artificielle utile et fiable.
Toutefois, cet élan doit composer avec la réalité du capitalisme technologique. Doctrine, bien que française à sa création, est aujourd’hui majoritairement contrôlée par un fonds américain, Summit Partners. Cette situation illustre un défi récurrent : comment conserver en Europe la valeur créée par ses champions technologiques ?
C’est un enjeu stratégique qui dépasse largement le cadre juridique, et auquel les politiques publiques doivent apporter des réponses structurées.
Doctrine, pilier d’une IA juridique souveraine au service de l’État
Doctrine incarne cette nouvelle génération d’entreprises capables d’allier innovation technologique et respect des exigences nationales. Le modèle retenu met en lumière une voie pragmatique, conjugant modernisation administrative, souveraineté numérique et ouverture à un écosystème européen diversifié.
Demain, il sera vraisemblablement possible d’imaginer une administration entièrement outillée par des IA fonctionnelles et sécurisées. Comme le rappelle David Amiel, il s’agit de répondre concrètement aux besoins des agents de l’État, en leur offrant des technologies qui les assistent véritablement dans leur mission.
Cette ambition est une feuille de route pour l’avenir du travail public, à la croisée de la technologie et de la stratégie.