En pleine effervescence du secteur fintech en Europe, une pépite danoise, Flatpay, vient de rejoindre le cercle très fermé des startups valorisées à plus d’1 milliard de dollars. Spécialisée dans les paiements par carte pour les petites et moyennes entreprises (PME), Flatpay affiche une croissance impressionnante à une vitesse rare sur le vieux continent. Mais quels sont les secrets de cette ascension, et comment bouleverse-t-elle un marché dominé par des géants comme Adyen ou PayPal ?
Une percée fulgurante en seulement trois ans
Depuis sa création, Flatpay s’est ouverte un chemin d’innovation en ciblant un segment souvent sous-estimé mais central en Europe : les petites entreprises, qui représentent 99 % des acteurs économiques.
Contrairement à ses concurrents qui facturent selon des modèles variables, Flatpay propose un tarif unique et fixe pour les transactions avec ses terminaux de paiement et systèmes de point de vente. Une simplicité séduisante pour les commerçants souvent confrontés à des offres complexes et coûteuses.
Le résultat est parlant : en moins d’un an, la clientèle de Flatpay est passée de 7 000 à 60 000 utilisateurs. Ce taux d’adoption rapide alimente une valorisation déjà confortable de 1,75 milliard d’euros.
La startup a ainsi atteint le statut de licorne en seulement trois ans. Mais au-delà de cette prouesse valorielle, le CEO Sander Janca-Jensen focalise son ambition sur un autre indicateur clé : le revenu récurrent annuel (ARR). En octobre 2024, Flatpay a franchi la barre symbolique des 100 millions d’euros d’ARR, soit environ 116 millions de dollars.
Chaque jour, ce chiffre augmente d’environ un million d’euros, portée par une expansion géographique active mais aussi par une croissance interne.
Une conquête du marché à la fois pragmatique et humaine
L’un des facteurs atypiques du modèle Flatpay est son approche commerciale et opérationnelle singulière. Plutôt que de miser sur la pure digitalisation, la startup fait le pari du contact humain. Chaque commercial arrive chez le client avec une valise contenant des terminaux et des documents explicatifs, prêt à démontrer immédiatement l’utilisation des solutions. Cette méthode terrain, souvent jugée coûteuse pour la fintech, s’avère particulièrement efficace auprès des propriétaires de PME, qui désirent comprendre concrètement ce qu’ils adoptent, sans jargon inutile.
Cette stratégie permet à Flatpay de gagner la confiance d’une clientèle parfois méfiante face aux innovations. Sander Janca-Jensen résume bien cette dynamique : « Les patrons de PME cherchent activement de nouvelles solutions, même si leurs systèmes actuels suffisent mal ou coûtent trop cher. C’est là que nous intervenons. »
Le résultat est une accélération de la croissance organique, favorisée par un accompagnement client complet, incluant un support 24/7, un avantage compétitif appréciable dans le secteur des paiements.
Flatpay face aux géants : un pari mesuré et ambitieux
Dans un marché où les acteurs historiques comme PayPal, Stripe, SumUp ou encore le géant Adyen règnent en maîtres, la montée en puissance de Flatpay pourrait sembler modeste.
Pourtant, le positionnement ciblé sur les PME, la politique tarifaire plate et la relation client personnalisée créent une vraie différenciation stratégique.
D’autant plus que grâce à une levée de fonds récente de 145 millions d’euros, soutenue par AVP Growth, Smash Capital et Dawn Capital, la startup dispose des ressources nécessaires pour accélérer son développement.
Cette enveloppe vise à renforcer sa présence sur ses marchés actifs (Danemark, Finlande, France, Allemagne, Italie et États-Unis) et à amorcer une entrée sur un ou deux nouveaux territoires en 2025, avec une probabilité forte pour les Pays-Bas.
Par ailleurs, Flatpay prévoit de doubler ses effectifs pour atteindre 3 000 « flatpayers » d’ici la fin de l’année prochaine, un pari qui illustre l’importance qu’elle confère à l’humain dans sa stratégie globale.
Une vision prospective tournée vers l’expansion fintech
L’avenir de Flatpay ne se limite pas au traitement des paiements. La startup ambitionne d’élargir sa gamme de services pour inclure une suite bancaire complète embarquant cartes, comptes et autres outils fintech intégrés.
Cette approche progressive vise à éviter l’écueil du « trop plein » pour les entreprises ou agences à l’instar d’ipanemads, répondant à leur désir de simplicité et leur rythme d’adoption prudent.
Janca-Jensen souligne ainsi : « Nous souhaitons que nos clients puissent manger l’éléphant une bouchée à la fois. » En parallèle, la technologie occupe une place importante : Flatpay utilise déjà l’intelligence artificielle pour des fonctions en temps réel et expérimente des agents vocaux IA. Celle-ci vient compléter l’approche humaine sans la remplacer, assurant efficacité et convivialité.
On peut imaginer qu’avec ce double focus, Flatpay parviendra à renforcer son poids face aux géants fintech, en imposant un modèle hybride basé sur la simplicité tarifaire, l’excellence relationnelle et une innovation technologique maîtrisée.
En résumé,
Flatpay s’illustre comme un acteur majeur alliant innovation pratique et croissance rapide dans l’arène complexe des paiements européens. Sa trajectoire offre un exemple inspirant pour la fintech : jouer sérieusement avec la tech, mais toujours avec un visage humain, voilà peut-être la clé pour conquérir un marché incontournable et encore largement perfectible.